Ce petit pays d'Amérique du Sud, plus discret que ses voisins sur le plan médiatique et touristique, offre une diversité de paysage incroyable et des modes de vie très différents en fonction des ses différentes régions. Comme à mon habitude, je suis arrivé en Equateur sans savoir ce que j'allais y faire, sans guide, sans cartes et sans même l'idée d'une première destination au sein du pays. Cela dit, je savais qu'il m'était possible de rencontrer le réseau solidaire "Tout Equateur" à Quito qui conseille et aide les voyageurs.

Je suis d'abord agréablement surpris par le coût de la vie qui est moins élevé que ce que je ne pensais. Le déjeuner à 2$ se trouve facilement et je n'ai jamais trouvé un réseau de bus aussi efficace pour un prix aussi dérisoire. Les prix des auberges étaient variables mais restaient bon marché par rapport à toutes mes expériences antérieures. 
Malgré un très bon accueil de Tout Equateur et très instructif, les premiers jours en Equateur furent un peu difficiles. Après deux mois intenses de rencontres, d'émotions, de moments de joie et d'aventures au travers de mon expérience au Chili et en Colombie, je compris très vite que j'allai reprendre une manière de voyager à laquelle je ne n'étais plus habitué: celle du backpacker solitaire. Et même si l'Equateur fut une étape du voyage pleine de rencontres inoubliables, ce changement et ce retour à la vie de routard fut quelque peu difficile.
Après quelques petites ballades dans la capitale équatorienne, je sorti à plusieurs reprises dans quelques club Quiteños accompagné de compères anglophones rencontrés dans mon auberge. Quelques jours plus tard, je partis vers l'est pour un séjour en Amazonie qui marqua le véritable début de mes aventures équatorienne. J'y ai rencontré Mathilde et Arnaud, deux jeunes médecins d'Amiens avec qui j'ai pleinement profité. Nous nous sommes retrouvé par la suite à Riobamba puis à Cuenca peu avant la fin de mon voyage en Equateur et à l'heure où j'écris cet article, il se peut que nous nous reverrons à Lima une dernière fois avant leur retour en France.
Après mon passage en Amazonie, je me suis dirigé vers le nord. Cette étape fut l'occasion d'expérimenter et de connaître la vie rurale andine équatorienne mais ce fut également une période plus solitaire. L'Equateur étant généralement moins touristique que des pays comme le Pérou, la Bolivie ou la Colombie, il existe une véritable haute et basse saison. Durant mon temps en Equateur, il m'est arrivé de débarquer dans des gîtes et des auberges complètement vides. Cela m'a donné l'opportunité de me rapprocher davantage de mes hôtes notamment dans une famille indigène à Cotacachi et avec un couple d'hôtes français à Cahuasqui. Ces rencontres m'ont permis de me faire une première opinion sur les différents aspects socio-économiques du pays et de le comprendre davantage. Sans ces rencontres, il est évident que je n'aurai jamais aussi bien compris le pays dans lequel je voyage.

L'Equateur est un important exportateur de pétrole. L'explosion industrielle du pétrole est récente et explique l’agrandissement anarchique et précipité de petites villes d'Amazonie comme Lago Agrio devenue en l'espace de 10 ans des villes dortoir pour la main d'oeuvre nécessaire à l'industrie pétrolière. Ce développement précipité n'est évidemment pas sans conséquence et l'impact sur la forêt amazonienne est sans précédent. Des réserves ont été fixées pour protéger la faune et la flore amazonienne mais leurs contours sont fréquemment redessinés. J'ai compris que ce "sacrifice écologique" se généralise à plusieurs régions d’Amérique du Sud pour soutenir la croissance économique du pays mais également pour soutenir les coûts de la politique sociale. En Equateur, cette politique s'est notamment orientée sur la construction d'écoles, la création de bourse d'étude, l'amélioration du réseau routier, la subvention des transports en commun, la construction d’hôpitaux et l'amélioration de l'accessibilité à la santé pour les classes sociales défavorisées. Cette politique semble indispensable au vu des inégalités de richesses importantes en Amérique du Sud, elle a l'avantage d'être populaire (notamment dans un contexte d’élection présidentielle) et les projets de mine de cuivre en partenariat avec des compagnies étrangères ont déjà permis d'en financer une partie. L'Equateur paraît donc s'enliser dans une crise écologique entre ses promesses sociales et ses futurs projets d'exploitation pétrolière et minière. Malgré cela, il me semble tout de même que le pays a réussi à mener une politique d'amélioration sociale plus équitable qu'en Colombie. 
Ces voisins ont en commun certains secteurs agraires, comme la culture de la banane, du cacao, du café et d'avocats. J'ai retrouvé des problèmes similaires à la Colombie: Les meilleurs produits se destinent souvent à l'exportation et il n'est pas toujours évident de trouver les meilleurs produits de l'agriculture locale, ou du moins, à des prix compétitifs. L'Equateur ne possède pas les mêmes problèmes de corruption de l’exécutif que la Colombie mais il existe plusieurs mafias qui contrôlent certains secteurs de production. Il semble être plus facile d'être un salarié plutôt qu'un auto entrepreneur étranger, sauf dans certains domaines particuliers. Entre les mafias, les taxes importantes et les nouvelles contraintes sociales, les grands groupes étrangers (en dehors du secteur industrielle et énergétique) peinent actuellement à s'installer en Equateur ce qui inquiète une partie des équatoriens sur le développement économique à long terme.
Le brassage ethnique est différent de celui observé en Colombie. Les origines indigènes sont nettement plus marquées et le Kichwa (langue amérindienne dont les origines remontent aux Incas) est reconnue au niveau national. Les communautés et les mélanges d'origines sont cependant très différents d'un endroit à un autre et il est difficile de dire à quoi ressemble un équatorien.
L'Equateur m'a paru comme un pays relativement sur et assez tranquille. Je n'ai jamais eu de mauvaise expérience même si on m'a raconté quelques histoires de vols assez étonnantes. Apparemment, on vous dérobe le plus souvent de manière discrète aux gares routières et dans les bus, il s'agit d'être particulièrement vigilant à ces endroits. Pour ma part, je n'ai pas eu cette malchance. De manière générale, les équatoriens m'ont paru très aimables. Ils sont moins avenants que les colombiens, n'ont pas le même goût de la fête et m'ont souvent parus un peu plus timides à premier abord. Une fois que vous avez pris le temps de faire connaissance, une sorte de frontière psychologique disparaît et ils sont alors très gentils tout en gardant une certaine timidité. Pour la première fois depuis mon arrivée en Amérique du Sud, je me suis confronté quotidiennement à la négociation et au marchandage, une habitude que j'ai finalement pris avec plus de facilité que je ne le pensais. Il était temps de m'y préparer car des expériences similaires m'attentent au Pérou et en Bolivie où j'ai entendu dire que la négociation est plus rude et parfois plus agressive.

La deuxième partie de mon voyage en Equateur était l'occasion de visiter de beaux endroits et de rencontrer des voyageurs. Plusieurs moments m'ont marqué:
- Cette éclaircie absolument inattendue, après avoir risqué de prendre la foudre sur la tête, en entrant dans le parc du volcan Cotopaxi. J'y ai fait une marche solitaire mais très belle dans ce parc entouré de trois magnifiques volcans: Le Cotopaxi, le Rumiñahui et le Sincholahua, qui par chance, étaient dégagés lors de mon passage dans le parc.
- Cette balade en vélo en descendant la vallée dans laquelle se trouve la ville de Baños. Cette ballade est un classique de la région qui consiste à descendre la vallée de Banõs à Puyo. Durant cette descente de 60 kilomètres s'offre un paysage magnifique de montagnes verdoyantes, de petits villages et de nombreuses cascades. Tout au long de cette balade, le paysage va progressivement changer pour passer des Andes au début de l'Amazonie équatoriennes.
- Cette journée passée avec Arnaud et Mathilde au volcan Chimborazo. Tout a joué en notre défaveur: Le guide était très spécial, les conditions météorologiques étaient mauvaises, j'ai abîmé l'un de mes objectifs...et pourtant, je garde un bon souvenir de cette journée parce que j'ai passé un bon moment avec mes deux compatriotes et la journée s'est finalement bien terminée.
- J'ai passé de très bons moments à Cuenca et dans le parc national de Cajas avec les deux couples français: Arnaud & Mathilde et Arthur & Helena. Nous avons fait une très belle randonnée au milieu des lacs et d'une végétation magnifique. Le temps nous a également été favorable à Cuenca où nous avons pu visiter la ville par un beau soleil.
- Enfin, j'aurai passé un excellent séjour de repos et de tranquillité sur la côte équatorienne avec Arthur et Helena. Nous avons visité une île pleine d'oiseaux au large de la côte, nous avons mangé du poisson fraîchement pêché à Puerto Lopez et nous avons profité plus que jamais de la plage de Montañita. Un séjour sur la côte qui s'est plus ou moins improvisé à la suite des intempéries survenues au nord du Pérou.

Sur la côte équatorienne, je fêtai mes 26 ans. Quand je pense à cet anniversaire, l'idée qui me revient toujours est cette réflexion datant d'un an qui fut la suivante: Malgré plusieurs choses positives, je n'étais pas très heureux dans mon travail et dans ma routine parisienne. Il fallait donc changer mes projets pour de meilleures perspectives d'avenir, prendre un route différente...si je persiste par métaphore, je réalise clairement que je n'ai pas pris de route, j'ai pris un chemin de campagne. Il y a de merveilleuses choses tout au long de ce chemin de campagne, tellement qu'il sera impossible de raconter toutes les choses qui me sont arrivées et comment cela m'a changé. Il arrive que certains voyageurs partent pour la campagne et n'en reviennent jamais. Pour ma part, je suis sur de revenir sur une route mais aujourd'hui, il m'est difficile de dire laquelle et c'est une réflexion régulière.

L'expérience équatorienne se termine et fut pleine de très belles découvertes: entre l'Amazonie, les paysages andins et la côte équatorienne j'ai rencontré une famille indigène, un couple d'expatriés français et des voyageurs européens avec qui j'ai passé de très bon moments. Comme je fus moins accompagné au jour le jour, j'ai aussi eu l'occasion de me consacrer davantage à la photographie et mon futur album d'Equateur promet de très belles choses. A la fin de ce voyage, j'arrive également à deux dates symboliques: Je viens d'avoir 26 ans et je suis à la moitié de mon temps de voyage. J'enfile mon sac de routard sur mes coups de soleil et je me mets en route pour le Pérou, heureux à l'idée des aventures qui m'attendent!