Presque chaque jour, je traverse et je visite de nouvelles contrées. Quand ce n'est pas en avion, en voiture ou en bus c'est avec mes pieds. Lors de ces trajets, il m'est malheureusement très souvent arrivé d'observer des déchets le long des routes. J'ai également observé ce triste spectacle de déchets perdus dans la mer, sur les plages, dans les rivières, autour des poubelles publiques, sous les ponts, dans le caniveaux, dans les forêts, dans les jardins, sur les sentiers de montagnes, sur les parkings...un peu près partout finalement. Ce drame m'horrifie, m’attriste et m'exaspère. J'ai essayé de comprendre le problème plus en détail.

La première catastrophe de notre siècle, ce sont les emballages, et pire encore, les emballages plastiques. Ils sont probablement les premiers maux de la pollution par les déchets. Ils sont notamment en abondance dans certaines sociétés où l'éducation et la prise de conscience écologique et le respect de l'environnement sont absents. Je comprends que certains produits, pour des questions de conservation et de protection soient emballés. Le problème est que l'emballage est devenu systématique pour quasiment n'importe quel produit. Ceci s'explique en grande partie pour la raison suivante: l'emballage constitue un support publicitaire afin de favoriser la vente d'un produit tandis que le produit nu n'a que lui-même comme argument de vente. Nous pourrions imaginer une réglementation axée sur l'utilisation de l'emballage en fonction des produits, ou la limitation d'un nombre de "couche" d'emballage, chose qui, à ma connaissance, n'est pas faite dans les pays du Tiers-Monde comme dans les pays modernes. 

Si nous ne luttons pas ce problème de déchets à la source (ce qui serait pourtant la chose la plus intelligente), luttons au milieu de sa chaîne de vie, juste après son utilisation. Je parle alors du recyclage et du tri des déchets. Sur ce dernier point, les pays modernes ont commencé doucement, depuis plusieurs années, différents programmes visant à mieux gérer les déchets mais également à sensibiliser la population sur le sujet. De mon observation, la plupart des pays d'Amérique du Sud n'ont pas atteint ce niveau de maturité écologique dans une situation pourtant critique. Le message qui paraît de nombreuse fois (notamment en Equateur) sur les route est celui de la protection de la propreté de l'eau: Proteger el agua es salvar nuestra vida. (Protéger l'eau c'est sauver nos vies). D'une certaine manière, en arriver là est déjà navrant...J'imagine le paysan du coin vider son huile de moteur dans la rivière d'à côté et intoxiquer trois jeunes du village en dessous par mégarde. Après, si il est effectivement nécessaire de le rappeler, c'est mieux de mettre des panneaux... 

Enfin, le dernier point de lutte sur la réduction des déchets dans la nature, après un effort hypothétique de réduction des emballages et un effort sur le tri et l'industrie du recyclage des déchets c'est "tout simplement" un système de ramassage des déchets performant. La encore, je n'ai pas eu l'impression que c'était vraiment le cas, mais c'est sans trop de surprise et pour toutes les raisons que nous pouvons imaginer: manque de moyens, d'infrastructures, etc. Prenons l'exemple d'un petit village au Pérou ultra touristique: La production des déchets est très importantes mais le village préserve évidemment ses allures de hameau avec ses petites rues pavées pleines de trous où certains endroits sont difficiles d'accès pour un camion poubelle. Le ramassage est donc impossible et les déchets s’accumulent. 

Le problème n'est pas que matériel. En effet, mes observations m'ont fait remarquer un véritable problème social dans des proportions que je n'aurai jamais imaginé! Les gens sont de profonds inconscients. Je les ai vu jeter leurs déchets en plastique au milieu de parc naturel, sur les sentiers de randonnée, dans la rue, par la fenêtre et au dessus des ponts avec un naturel et une inconscience déconcertante. J'ai été profondément choqué, d'autant plus que la majorité des personnes que j'ai pu observer sur le fait étaient des enfants ou de jeunes adultes. La situation de ces pays est préoccupante. La population est déconnectée de l'enjeu écologique actuel de notre planète. J'étais saisi de colère et de stupéfaction. Nous avons souvent tendance à critiquer notre éducation écologique trop insuffisante en Europe, mais si l'on observe l'état des faits de certains pays d'Amérique du Sud dans lesquels j'ai voyagé, la situation est d'autant plus consternante. À mon sens, ce sont les gouvernements de ces pays qui en premier lieu peuvent mettre en place des actions de communication pour changer les mentalités. Une communication alliée à des réformes et des réglementations sur les déchets pourraient peut-être inverser la tendance mais il me semble que nous en sommes encore très (trop?) loin.

Il est intéressant d'inclure cette problématique des déchets dans le tourisme actuel. J'ai observé que le dérangement des déchets pour les gens n'est pas le même pour tout le monde. Il semble y avoir des touristes qui s'en accommodent plus que d'autres. Personnellement, je pense être intolérant sur la question mais je suis persuadé que cette intolérance est parfaitement adaptée à la gravité de la situation. Si je vais visiter un site archéologique, si je passe du temps sur une plage, si je randonne et qu'il y a seulement un ou deux déchets, comme une bouteille de plastique ou un sac en plastique, cela me dérange et je m'en souviens. Cela ne me donne pas toujours envie de revenir, surtout quand la quantité de déchets est importante. D'une certaine manière, continuer d'aller dans des endroits ou les déchets polluent la vue, la marche et la baignade c'est concéder que ce n'est pas si important. C'est pourquoi je considère que les endroits autrefois magnifiques qui sont désormais en partie pollués par les déchets ne méritent pas de touristes. Ceux qui continuent d'y aller sont aveugles (et c'est peut-être mieux pour eux).

Il est certain que le voyage m'a rendu plus sensible sur le sujet. Pourtant, je n'irai pas faire de tourisme dit écologique consistant à nettoyer des plages et des forêts avec des volontaires. Pourquoi? Parce que je pense que nous gagnerons du temps à lutter sur le problème de fond et non sur les conséquences. Lutter contre les conséquences c'est honorable et charitable mais ce n'est pas résoudre le problème sur le long terme. Je pense que la où quelques volontaires nettoient quelques plages, d'autres endroits sont pollués par manque d'intelligence, de moyen et d'éducation. 

Je pense qu'il faudrait rendre obligatoire la visite d'une station de gestion des déchets à chaque cycle scolaire: primaire, collège et lycée. Parce que la gestion des déchets change au fur et à mesure des années et qu'il convient de se mettre à jour tout en restant proche et au fait de cette problématique. Il faut bien évidemment sensibiliser la jeunesse, ne gaspillons par trop d'argent et d'effort à essayer de sensibiliser une génération dont une partie sera incapable de changer ses mauvaises habitudes. En mettant cette visite en lien avec sa vie personnelle, nous saurions davantage en mesure de savoir où vont exactement nos déchets et nous aurions une véritable vision d'ensemble de la chaîne de recyclage. Nous connaîtrions peut-être mieux les labels et les organismes en lien avec ce domaine. Nous serions aussi à même de savoir, de facto, quels sont les produits non recyclables et ceux qu'il faudrait éviter d'acheter. Actuellement, l'éducation que nous tentons de réaliser est partielle. On nous dit de trier mais sans nous dire vraiment pourquoi. Je vous l'accorde, toutes les questions que nous pourrions nous poser comme "Faut-il laver l'intérieur d'une bouteille de lait avant de la jeter?" ou "Est-ce qu'il est mieux d'aplatir les emballages en carton dans notre poubelle personnelle?" peut se trouver sur Google (c'est d'ailleurs ce que je viens de faire). Mais ce sont des bases de connaissances de la vie courante qui devraient être intégrées à l'éducation générale. Au delà de la gestion de nos déchets personnels, je trouve cela très grave que tous les supermarchés ne soient pas déjà au sac en papier ou au sac en plastique payant. Dans les pays d'Amérique du Sud, c'est du sac en plastique systématique et gratuit, une vraie catastrophe. On ne vous demande même pas si vous en voulez un, c'est automatique. Je trouve que c'est plutôt dommage qu'il n'y ai pas davantage de subventions pour les commerçants qui proposent des produits sans emballages. Il manque aussi le système de caution pour les bouteilles en verre en France (que j'ai pu observer en Allemagne) et qui pourrait peut-être se voir étendu à d'autre produits.

Tout n'est pas complètement négatif. Je me souviens d'un programme compétitif de ramassage de bouteille quand j'étais en primaire. Je pense qu'indirectement, cela avait été une bonne manière de nous sensibiliser à la question écologique, de faire comprendre l'idée qu'une bouteille possède une seconde vie. Cela peut sembler surréaliste pour un enfant de 8 ans. Il y a des associations, des volontaires et des belles choses qui sont faites, je ne veux pas minimiser les efforts réalisés par des personnes beaucoup plus investies que moi. Cet article fait cependant le constat qu'une grande partie de ce monde n'est pas au fait des enjeux écologiques actuels et à un niveau de gravité préoccupant pour l'avenir.