C'est une question récurrente qui m'était posée en France et qui continue forcément de m'être posée outre atlantique, en anglais, en français, en allemand et en espagnol. A chaque réponse, ce sont les mêmes phrases et les mêmes mots qui sont utilisés pour expliquer quelque chose de complexe qui nécessiterait souvent davantage d'explications pour en comprendre toutes les raisons. Cet article en propose une synthèse.
La raison de mon voyage à date n'est pas un ensemble de causes d'importances équivalentes qui ont pour conséquence le voyage. C'est une suite logique de facteurs qui a entraîné cette décision importante et dont je mesure en grande partie le bouleversement qu'elle a provoqué et qu'elle continue de provoquer dans ma vie. Il m'a fallu à peu près 5 mois pour faire ce choix, de l'idée réalisable jusqu'à l'achat des billets d'avion. Si on ajoute à cela le temps de quitter l'entreprise et de m'y préparer, il s'est en vérité écoulé 9 mois entre l'apparition concrète et réalisable de cette idée jusqu'à mon départ de France. Vous l'aurez donc compris, je ne suis pas de nature à prendre des décisions hâtives ou seulement quand j'y suis forcé. 
Le contexte de mon départ, c'était un trajet quotidien en moto sur le périphérique parisien pour retrouver une équipe très sympathique au sein de laquelle j'apportais mon soutien technique à des utilisateurs sur une solution logiciel de gestion des commandes. Cette activité s'inscrivait dans le cadre d'un très grand projet du mammouth des télécommunications françaises et j'étais employé par Accenture, une entreprise de conseil démesurément grande qui dirigeait l’exécution du projet. Au bout d'un an et demi, après avoir déployé tous les efforts, le travail, la qualité et la bonne volonté dont je suis capable, j'avais déjà le sentiment de ne plus tirer aucun profit de cette expérience et qu'en revanche, mon entreprise usait de ma faiblesse et de mon dévouement pour m'assigner à des tâches d'un intérêt médiocre. Mon manager, n'ayant pas partagé avec moi sa stratégie concernant mes assignations, nous n'étions pas alignés. Ces raisons sont la cause d'un décrochage progressif de ma part durant lequel je compris qu'aucune promotion serait envisageable à l'horizon 2017 et que mes opportunités professionnelles, de manière générale, seraient bouchées jusqu'à l'horizon 2018. Il fallait donc patienter deux années ce qui allait probablement me porter à mes 27 ans. Je n'avais aucune garantie que la suite serait meilleure. Il m'était complètement impossible d'accepter une telle fatalité, la dépression n'était pas loin. La possibilité qui paraissait évidente était de chercher un nouveau travail. Celui-ci allait cependant requérir un nouvel investissement très important dans un contexte forcément nouveau et différent. J'aspirai également travailler à l'étranger, une impossibilité dans mon entreprise.
J'avais été en mesure d'épargner de l'argent car mes parents m'avaient gracieusement prêté un appartement durant mes études et le début de ma vie professionnelle. Cette argent aurait pu servir à l'achat à crédit d'un logement pour mon prochain travail mais ces préoccupations me paraissaient d'un ennui profond et le sérieux de ce choix me déprimait. Il y avait cette incapacité totale de ma part d'imaginer de tels engagements aussi tôt dans ma vie, surtout sans avoir vécu quelque chose de très fort sur le plan personnel. J'imagine que certains le comblent suffisamment par leur relation de couple, d'autres font les deux. L'idée concrète est donc né de ce besoin, de sa faisabilité et d'un contexte professionnel assez mauvais. À partir de ce constat, de nombreuses raisons s'y ajoutent et permettent de prendre une décision. 
Partir en voyage allait me permettre de me faire plaisir en photographie, une passion que j'ai depuis 7 ans et dans laquelle je m'investis avec un grand enthousiasme. J'avais une très grande envie de découvrir un continent différent du monde occidental mais où la culture y est "accessible" et où la langue peut s'apprendre facilement. La réflexion ne fut pas longue, il serait évident qu'une partie du continent sud américain ferait partie de mon voyage. Ce serait la découverte d'une autre culture, la possibilité d'apprendre à parler l'espagnol et de faire la connaissance de nouvelles personnes. Il y avait aussi la volonté de découvrir des choses et d'en profiter tant que je suis jeune, me faire ma propre opinion sur des endroits qu'on dit magnifique et y revenir si possible en sachant comment y passer du temps la prochaine fois. Mon pote Alexis avait réalisé une expérience similaire après l'acquisition de son master et son aide pratique et psychologique allait rendre l'entreprise plus simple. Il s'enthousiasmait à l'idée que je saute le pas et je lui fais confiance. 
Enfin, il y avait ce très grand plaisir de se dire que pour une fois, dans ma vie, j'aurai pris une décision un peu différente de ce que la société française attend de moi et de ce qu'elle a prévu pour moi. J'ai eu mon bac, ma licence, mon master, mon premier CDI et désormais, j'allais quitter l'autoroute de ma vie et voir un peu du reste du monde. Rien que de faire ce choix, c'est chouette.