Je suis bercé par le rythme des vaguelettes du lagon, ma tente sèche au soleil après une pluie violente de cette nuit. La plage est blanche, composée de sable fin et de morceaux de coraux. Il fait 28°, l’eau est à la même température, le ciel est bleu et les sommets des cocotiers se balancent lentement au rythme d’un vent matinal très léger. De temps en temps surgit un aileron de requin à pointe noire à six ou sept mètres du large mais ils sont inoffensifs. Je me suis baigné au milieu de ces requins et je vous garantie qu’ils vous ignorent complètement, c’est très déconcertant. Tout comme la vie ici, qui semble plus simple et plus libre. Lorsque que le polynésien a faim, il pêche. Le reste du temps il semble flâner, discuter avec la famille et les amis ou aider la communauté par ses propres habilités.
Il y a le capitaine des excursions, l’oncle qui aide à la construction des maisons et l’agrandissement de celle-ci pour le petit polynésien qui va bientôt naître, un couple franco-tahitien qui gère une petite pension. Les menus varient en fonction des arrivages de la pêche matinale. Il y a le cousin qui travaille à l’aéroport, le médecin de l’île que tout le monde connaît et son jeune remplaçant que l’on croise à certaines saisons. Il y a un ancien militaire reconverti comme instructeur de plongée, des grands-parents qui aident leur dernière fille à s’installer, un vieux qui construit une pirogue traditionnelle pour traverser l’océan...
Ce petit monde vit dans un paysage de rêve où l’eau est d’une transparence incroyable, la faune et la flore semble ne pas trop souffrir de la présence de l’Homme (même si on entend parler de surpêche et de personnes irresponsables). Les paysages semblent irréels. C’est le modèle que l’on a toujours vu sans croire qu’il existait vraiment ou qu’on expérimenterait dans une autre vie: Cet océan aux belles nuances de bleu, allant du lagon à l’océan, un plage de sable fin et un cocotier au dessus de l’eau. C’est le symbole de la quiétude, du calme, l’eau est chaude et il n’y a rien sur l’eau ou sur terre qui pourrait perturber ce paradis.
Lorsque je n’étais pas parti voir de belles choses sur terre ou en plongeant, j’étais assis en short et t-shirt, pieds nus dans un fauteuil ou un hamac à discuter avec les gens de ma pension ou ceux qui ne faisaient que passer. J’ai eu l’occasion de goûter à un poisson chirurgien fraîchement pêché, une délicieuse langouste, du pain coco, du gâteau à la banane, du poisson perroquet grillé et du bec de canne mariné. Chez Daniel (le Carrefour du coin), je retrouve des produits typiquement français, débarqués un fois par semaine, et je me retrouve à boire du chocolat chaud “Poulain” avec une baguette tartinée à la confiture abricot “Bonne Maman” chaque matin.
Il y a souvent quelques chiens et chats qui viennent vous visiter lorsque vous mangez. Ils ne sont pas méchants mais chapardent parfois un morceau de pain ou un poisson lorsque vous avez le dos tourné. Il y a souvent qu’une seule route sur les îles de Polynésie et les locaux situent leur maison et d’autres infrastructures par rapport au point kilométrique, qui commence le plus souvent au village central de l’île. “J’habite au PK17” est une phrase que l’on entend qu’en Polynésie.
L’aménagement est également organisé en fonction des passes, ces rares points de passages sont les seuls endroits où l’océan Pacifique est en contact avec le lagon de l'atoll. Il n’y a pas de pont sur les passes et les locaux se déplacent donc en petit bateau à moteur pour passer d’un rivage à l’autre.
Les petits coins de rêve ont leurs inconvénients malgré tout.
Le premier qui vous rapproche au plus près de la réalité est probablement l’argent. La vie en Polynésie est très cher si l’on se réfère à la valeur de l’euro et à notre mode de vie. Tous les habitants ont trouvé un rythme et une manière de vivre adaptés à ce coût de la vie et les familles (aussi étendues qu’elles peuvent l’être) sont très solidaires entre elles. Le touriste français vit donc en marge de ce système qui possède des codes très différents de la vie en métropole. C’est un paradis presque inaccessible sur le long terme en tant qu’étranger. Certaines professions permettent cependant de s’installer plus facilement, cela restant toujours lié aux besoins de certaines compétences qui ne sont pas déjà maîtrisées par des polynésiens.
Je pourrai faire ma princesse et vous parler de tous les autres petits problèmes qu’on pourrait y rencontrer, mais c’est difficile. Face au lagon bleu, aux requins, aux raies, aux dauphins, aux cocotiers, à la gentillesse des polynésiens, on oublie finalement la vie cher (sans pour autant oublier qu’on a un budget de tourdumondiste à gérer), les cafards, les moustiques, la chaleur, les pluies de dingue qui sont finalement un très léger inconfort face à la quiétude que vous apporte ce paradis des atolls de la Polynésie française.