J'avais désormais traversé des milliers de kilomètres, c'était le début de mon neuvième mois de voyage. Voilà qu'après six mois passés en Amérique du Sud, continent qui s'apprêtait à entrer dans sa période hivernale, je sortais de mon avion après son atterrissage à La Havane et je faisais connaissance avec le climat caribéen du mois de Juillet. Ma première impression fut comme l'ouverture d'un four avec une certaine humidité en bonus. Cela dit, si Cuba représente une véritable aparté de mon voyage ou d'un voyage au sein même de mon grand périple, cela ne se résume évidemment pas au changement de climat. L'expérience cubaine fut tellement différente de celles que j'ai vécu qu'il aurait été moins surprenant de l'imaginer comme une planète Star Wars qu'une île faisant partie de notre monde. Ce fut l'une des étapes les plus dépaysantes de mon voyage et j'y ai passé des moments incroyables. Je ne saurai pas trouver de moments plus authentiques que mes expériences vécues à Cuba et mes mots auront beaucoup de peine à traduire l'intensité de cette étape de mon voyage. J'ai vécu ce mois passé à Cuba comme un film qu'on vit au cinéma, où l'histoire vous saisie le cœur, où vous cessez de penser trop et vivez pleinement. Comme tous les films que je vis intensément, je n'apprécie pas forcément faire la profonde analyse de la mise en scène car c'est perdre un peu de la magie ressentie. Pour vous, cher lecteur, je fais cet exception. 

L'atmosphère cubaine s'apparente à celle d'un film ou d'une pièce de théâtre. On pourrait penser que j'exagère afin de pimenter davantage mon récit mais détrompez vous. L'unique endroit qui vous isole de ce spectacle permanent, c'est votre chambre avec le système brouillant d'air conditionné et le ventilateur réglé au maximum. Quand vous en sortez, vous entrez sur scène mais vous avez souvent l'impression de vous être trompé d'acte ou de registre. Vous êtes blanc, barbouillé d'une crème solaire qui se mélange déjà à une transpiration abondante, vos lunettes de soleil ont du mal à tenir sur votre nez glissant, vous êtes le seul de la rue à avoir un appareil photo autour du coup et la rue vous observe. Un chien mal en point s'arrête à votre niveau, les voisins d'en face écoutent de la salsa avec le volume au maximum animant la rue de votre quartier. Vous êtes contraint de stopper net votre marche au passage d'une veille Ford des années 50 qui vous enfume d'une épaisse fumée noire. Une femme de la rue vous dévisage le temps d'un instant et poursuit sa discussion avec la voisine au deuxième étage. Vous vous demandez si cela valait vraiment la peine de prendre une douche ce matin et vous continuez votre marche. Un groupe de taxi cycliste vous observe passer comme si vous étiez un extra-terrestre. Vous regardez à droite puis à gauche et vous vous rendez compte que vous voyez l'intérieur des maisons: un couple prend le petit-déjeuner, la vieille télé à l'écran cathodique est allumée et perd le signal toutes les 30 secondes, un vieux roupille dans son canapé, des enfants jouent avec un ballon. Vous arrivez au croisement de deux rues et voyez les jambes dépassées d'une Dodge des années 50: le chauffeur de taxi bricole le moteur d'origine de l'engin. À côté, le gardien d'un édifice discute avec un vendeur de fruits et légumes. Vous entendez le bruit d'une guitare et observez un musicien solitaire gratter quelques cordes dans un petit parc publique. Dans ce même parc, un groupe de cubains sexagénaires est assis autour d'une table et joue au domino tandis que trois autres les observent. Ils sont blancs, noirs, métissés, grands, petits, beaux, moches, maigres ou gros. Le paysage urbain cubain se compose de milliers de petites anecdotes comme celles-ci. Le paysage des campagnes est bien différent mais se caractérise par cette même authenticité. Ils forcent le trait original de cette île qui a presque connu plus de 50 ans d'isolement donnant lieu à une société dotée d'innombrables curiosités et de caractéristiques étonnantes.

L'architecture des édifices et des logements construits avant et après la deuxième guerre est absolument fascinante notamment à La Havane, à Trinidad et dans le centre historique de Santiago de Cuba. Certains édifices ont été rénovés comme le musée de la révolution à La Havane donnant toute la splendeur à ce type d'architecture. Elle donne à Cuba un décor absolument unique, fabuleux et riche en couleur. Dans les rues de la Havane, les appartements sont plus ou moins bien entretenus. Cela peut aussi dépendre de certains quartiers. Une maison sur trois offre des services de maison d'hôte. Les cubains les appellent les casa particulares. Lorsque je suis entré dans l'édifice de ma première casa particular à La Havane, j'ai monté un escalier de marbre impressionnant dans une maison qui devait probablement appartenir à une famille bourgeoise cubaine ou une riche famille américaine. Depuis la révolution de 1959, ces villas ont été segmentées parfois jusqu'à 12 sous-parties et sont occupées par différentes familles qui n'ont pas les fonds suffisants pour entretenir l'édifice. Ainsi des quartiers entiers de La Havane sont en ruine mais habités. Il arrive qu'un balcon se soit effondré, que la façade se soit entièrement fissurée ou qu'un mur commence à bouger mais les cubains rafistolent, bidouillent, bétonnent, cartonnent et contournent au besoin. Dans tous les cas, la structure n'exigera jamais une bonne isolation en raison d'un climat extrêmement doux. L'important est d'assurer le maintient de la structure et le bon écoulement des fortes pluies de l'été. Certaines rues sont en travaux mais il est difficile de savoir pour combien de temps, il y a des trous un peu partout et la tuyauterie commune est souvent à l'air. Un type bricole une réparation de fortune tandis qu'un autre fait du marteau piqueur à 20:00 (j'ai supposé que c'était pour la chaleur). Lors de mon séjour dans la vieille partie de la ville appelée La Havane Vieja, le transformateur de l'immeuble à brûlé, provoquant un petit incendie. Cet état relativement anarchique du maintient de l'infrastructure urbaine est surtout vrai pour La Havane. Les autres villes m'ont parues plus propres, moins saturées et plus ordonnées mais il n'est pas rare d'observer un édifice d'une belle architecture tombant littéralement en ruine et maintenu pas des échafaudages de fortune ou un escalier menant à un deuxième étage qui n'existe plus.

Au décor architectural s'ajoute l'apparence des voitures et des camions. De mon impression générale, 60% des véhicules datent encore des années 50, voitures et camions confondus mais cela change. En effet, les cubains sont libres de racheter les anciens véhicules destinés à la location pour les touristes. Il existe des dérogations diverses et de nombreux véhicules d'entreprises publiques sont achetés à la Chine. Il n'est jamais simple de comprendre l'étendue exacte de l'embargo américain et de comprendre comment certaines séries de voiture des années 80 ou plus modernes sont entrées sur l'île. Cette question se pose également pour d'autres produits. Les plus anciennes voitures en très grand nombre font le charme de Cuba. Elles sont partout: dans les rues de la Havane, dans les villes moyennes, au milieu des campagnes. Les vieux camions des années 50 sont utilisés dans toutes les campagnes pour le transport de marchandises, d'animaux et de personnes. Le génie cubain est celui d'avoir réussi à continuer à rouler avec ces voitures et ces camions d'une autre époque. Même si ces voitures présentent une certaine forme de danger (absence de ceinture de sécurité, amortie de la carrosserie nul en cas d'accident, airbag inexistant, verre sécuritaire, etc.), elles sont clairement beaucoup plus belles que les voitures modernes: elles s'imposent par leur taille, leur carrosserie élégante, leur bruit et leurs couleurs. Ces voitures font indéniablement partie de la culture cubaine mais il est difficile de savoir si elles seront toujours utilisées en aussi grand nombre dans les années à venir. Pour ma part, je n'ai pas pu m'empêcher de prendre une centaine de photos de ces reliques qui m'ont complètement fasciné. 

La première véritable sortie de la ville fut à l'occasion de mon voyage à Viñales, un très petite ville connue pour ses collines et ses montagnes, ses grottes et ses champs de tabac. Viñales offre des paysages très beaux qui m'ont complètement changé de ma semaine passée à La Havane. J'y ai fait de très belles randonnées au milieu des champs de café, de tabac et des champs de maïs. Les environs étaient boisés d'arbres variés: palmiers, bananeraies, cocotiers, manguiers mais aussi beaucoup d'autres moins exotiques. La faune et la flore cubaine est de manière générale riche et belle. À Cuba, j'ai savouré les mangues les plus délicieuses de toute ma vie. Sur le trajet de la Havane à Viñales, j'étais accompagné de ma copine Anny ainsi que mon ex-collègue Cédric et sa copine Meghna. Nous avions trouvé un taxi pour un prix abordable à bord d'une vieille Ford de 1956. L'autoroute est partagée par les voitures, les camions, les piétons, les vaches, les charrettes et les tracteurs. Les routes sont généralement dans un mauvais état mais il arrive d'avoir des surprises. Le style de conduite m'a beaucoup rappelé celui de l’Amérique du Sud: le bon sens s'impose davantage que n'importe quel autre code de la route. Comme toujours, le klaxon permet de dire beaucoup de choses. Au cours de mes différents trajets, j'ai eu l'impression qu'une importante part de la population cubaine actuelle est toujours rurale. Il y a beaucoup de petits villages le long des routes mais sans réel attrait. Le trafic est relativement dense à La Havane mais pour la capitale d'une île de 11 millions d'habitants, cela reste très correcte. Pour le reste de l'île, le trafic est léger, il arrive d'être seul sur l'autoroute car le cubain de la classe moyenne n'a pas les moyens de se procurer une voiture ni de payer l'essence. Les véhicules qui circulent sont généralement des taxis, des voitures louées ou des véhicules professionnels. Dans les petites fermes de province, c'est encore la charrue à bœufs qui est utilisée pour labourer les champs et les provinciaux utilisent la voiture à cheval pour se déplacer de village en village.

En tant que touriste, vous finissez par connaître assez bien l'histoire récente de Cuba ou du moins ses grandes lignes. Les musées historiques cubains se répètent et les cubains n'auront pas de mal à vous répéter leur histoire, de la révolution à nos jours. Leurs mots sont les mêmes que ceux des musées alors qu'eux même n'y vont pas. La propagande politique a bien fait son travail. 

En nationalisant les entreprises en 1962, Cuba n'a dédommagé aucune entreprise étrangère dont la majorité étaient américaines. C'est l'une des raisons pour laquelle les Etats-Unis établirent un embargo sur Cuba dès 1962. La raison de l'embargo était économique mais également politique et militaire. Elle était politique sur l'opposition idéologique entre le modèle capitaliste et libéral américain et le modèle communiste instauré par Fidel Castro. Elle était militaire car Cuba est une île des caraïbes situées à seulement 200 kilomètres des côtes de la Floride. En pleine Guerre Froide, les Etats-Unis ne supportait pas l'idée d'un voisin communiste allié de l'union soviétique. Cela représentait pour eux un danger vis à vis de la défense nationale et la crise des missiles de 1962 leur donna en partie raison. 

Lorsque les Etats-Unis établirent l'embargo sur Cuba en 1961, l'URSS vint en soutient au régime castriste. Ce soutient économique de l'URSS dura 38 ans. La chute de l'Union Soviétique mit fin aux aides économiques et marqua le début de la "Período especial" pendant laquelle le peuple cubain a davantage souffert de l'embargo américain: les magasins étaient pratiquement vides, il était difficile de trouver de quoi manger et n'importe quel objet était difficile à trouver. L'embargo, qui dure maintenant depuis 56 ans a profondément impacté l'histoire, l'économie et la société actuelle de Cuba. De nombreux problèmes s'expliquent par l'embargo américain mais l'état cubain a également pris l’habitude de rejeter tous les maux de la société cubaine sur l'embargo américain. Il est devenu un coupable pratique.

De mes expériences personnelles, c'est surtout la jeunesse cubaine qui aimerait voir les choses changer dès maintenant et non dans une vingtaine d'années. Le peu qu'ils peuvent déjà savoir de la part des touristes mais également des rares accès qu'ils ont à internet leur donne envie de quitter l'île et de voir le monde. La génération née au moment de la révolution vit une époque désormais plus prospère depuis la période spéciale et se doutent que l'ouverture de Cuba à la société occidentale aura un fort impact sur la société cubaine. Cette prospérité s'explique en partie par des mesures partielles de libéralisation de l'économie. Ces mesures ont majoritairement été entreprises par le frère, Raoul Castro, désormais au pouvoir depuis 2006. Les cubains ne le disent pas mais Raoul Castro aurait fait plus en 8 ans que son frère en 40 afin de permettre une amélioration de qualité de vie des cubains.

Les maisons d'hôte représentent un business très important à Cuba. Cela fait partie des activités libéralisées par le gouvernement. En payant une licence à l'état, les hôtes sont libres d’accueillir des touristes. En tant que touriste, les casa particulares sont le meilleur moyen d'entrer facilement en contact avec les cubains. Malheureusement, beaucoup de touristes ne sortent pas des complexes hôteliers. Parler espagnol vous permettra d'aller beaucoup plus loin dans vos échanges. Personne ne vous dira jamais rien de mauvais sur le parti communiste ou sur Fidel mais vous pourrez parler de tout le reste sans problème autour d'une tasse d'un excellent café qu'ils aiment vous offrir de bon cœur. Certaines casa particulares se trouvent sur Airbnb, mais vous ne pourrez les réserver que depuis l'étranger (Airbnb ou Booking sont des sites américains et appliquent les règles de l'embargo en matière de services disponibles pour les cubains). La plupart des casa particulares n'ont pas de site internet ni de présence sur les sites hôteliers, elles ont seulement un signe bleu sur la porte d'entrée, ce qui vous permet de savoir qu'elles fournissent un service de chambre pour les touristes étrangers. Les cubains logent dans des casa particulares avec signe rouge et paient en monnaie nationale (CUP). 

Cette économie parallèle entre la population touristique et locale s'est généralisée à de nombreux services: hôtellerie, taxi, bus publique, restauration et d'autres. Le faussé observé entre ces deux économies est déconcertant. Je peux dîner dans un petit restaurant local pour 15 CUP (0,60$) mais si je souhaite dîner dans un restaurant plus adapté à mes habitudes occidentales (services, couverts, normes d'hygiènes), je vais retrouver des prix avoisinant 15 CUC (15$) soit 25 fois plus cher! Ce constat se vérifie pour de nombreux services. Il m'est arrivé de payer 4 fois plus cher un même service dans la même journée, seulement parce que j'avais emprunté la méthode touristique et non locale. Ces différences de valeur sont les plus importantes de tout ce que j'avais pu observer durant mon voyage. Je me demande encore comment les cubains nous perçoivent, nous, étrangers, capables de dépenser 20 CUC pour un dîner alors que cela représente pour certains un mois de salaire. La pénurie générale existant à Cuba et s'étant intensifiée au moment de la période spéciale, il s'est développé dans la société cubaine une certaine forme de solidarité qu'il est rare de voir dans le reste du monde. Les cubains sont également solidaires entre eux lorsqu'il s'agit d'arnaquer un touriste. Pour connaître la véritable valeur des choses, vos alliés ne seront pas les passants ou les forces de l'ordre mais les autres touristes plus expérimentés qui sauront vous dire le vrai prix d'une bouteille d'eau, d'un sandwich ou d'une mangue.

Lors des mes ballades solitaires à La Havane, j'ai été accosté très fréquemment. Un cubain vous demande si vous souhaitez le service d'un taxi, puis d'un hôtel et enfin d'un restaurant. Il vous raconte sa vie pendant dix minutes pour le terminer par une impasse financière. Il vous demande alors si vous pouvez lui donner de l'argent. Si vous déclinez ces offres on vous parle de cigares, de rhum et puis discrètement, comme si de rien n'était, on vous demande si vous cherchez une fille. Des femmes également vous accostent, vous touchent les épaules, vous parlent de massage... Au bout de trois ou quatre contacts de ce type vous êtes fatigué de devoir dire "non" une trentaine de fois durant la discussion. Vos interlocuteurs deviennent parfois agressifs si vous leur faites comprendre trop rapidement que vous ne leur donnerez pas d'argent. Si l'on prend la peine d'avoir de véritables conversations avec ses hôtes en espagnol et si l'on ne se cantonne pas aux complexes hôteliers, si l'on marche seul dans les rues de La Havane, on finira inévitablement par voir cette misère sociale. C'est une misère qui fait d'autant plus de peine à voir au sein de cette société à la culture si riche, si variée, si colorée, pleine de rythme, de joie et d'originalités. Même si cette misère existe et si nous pouvons la percevoir, Cuba est un pays extrêmement sûr. Vous n'entendez jamais parler de vol, d'attaque armée ou de pickpocket sur des étrangers. Vous pouvez marcher à des heures bien tardives sans avoir le moindre problème même dans certains quartiers relativement modestes. J'ai su m'expliquer cela par trois raisons: 

- le touriste est une richesse trop importante pour l'île: le voler n'apporterait qu'une mauvaise publicité ainsi que des difficultés toujours plus grandes à ses compatriotes. 

- Les peines de prison sont aberrantes et cela pour le moindre délit. Je ne parle pas des conditions carcérales, dignes de l'héritage du régime dictatorial castriste. 

- Enfin, il y a peut-être quelque chose de culturel. Les cubains préfèrent vous arnaquer comme par exemple ne pas vous rendre la totalité de votre monnaie, ou vous tromper entre les devises nationales (CUP) et convertibles (CUC) mais on ne vous volera pas. À vous d'être intelligent, habile et méfiant lorsqu'il s'agit d'une négociation ou d'une transaction financière. 

L'une des excellentes surprises de ce voyage fut la qualité gastronomique, aussi bien dans les restaurants touristiques que celle qu'il est possible de trouver dans la rue. La composition des plats est plutôt varié et la qualité des ingrédients est bonne, notamment lorsqu'il s'agit de fruit, de poisson et de fruit de mer. J'ai cru comprendre que la cuisine cubaine a su s'inspirer de la gastronomie française, espagnole et créole. En général, un dîner avec une langouste entière ne coûte pas plus de 15 CUC (15$) et la préparation est de très haut niveau. Cela vous envie d'en manger tous les jours! Les plats sont généralement accompagnés de ce mélange de riz et d'haricot noir qui composent la base de nombreux plats cubains. Les vins sont apparemment bons mais ils ne sont pas de l'île et sont principalement importés du Chili. Je me suis essayé occasionnellement à du vin blanc qui était certes très honnête. Avec la chaleur, il est appréciable de se prendre une bière fraîche de temps à autre. Les plus communes sont la Cristal, la Bucanero et la Presidente. Ces bières blondes n'ont rien d'exceptionnel, la Bucanero est probablement la meilleure. Cela dit, par 40°C, vous ne ferez pas le difficile.

À Cuba, je ne suis pas sorti autant que je l'aurai pensé et cela s'explique par plusieurs raisons qu'il serait long à énumérer. Cependant, chacune de mes sorties pour aller danser avait quelque chose de bien particulier, quelque chose qu'il n'était pas facile à trouver en Amérique du Sud sauf peut-être en Colombie. Malheureusement, et contrairement aux idées reçues, tous les cubains ne dansent pas la salsa et la jeunesse écoute du reggaetón. Maluma, Louis Fonsi, Nicky Martin, Carlos Vives, Shakira, pour ne citer qu'eux, ont fait leur chemin jusqu'à Cuba, l'embargo musical n'a pas eu lieu. Comme en Amérique du Sud, ce sont les anciens qui connaissent les classiques et ceux qui s'y intéressent. Cela paraît absurde, mais il n'est pas si évident de danser la salsa à La Havane par exemple. Le choix m'a paru aussi limité qu'à Paris: trois ou quatre endroits, le truc impensable!

Après trois jours passés à La Havane, j'avais le plaisir de revoir des visages familiers. Comme vous avez pu le lire plus haut, Cédric, un de mes anciens collègues d'Accenture et sa copine Meghna (et également une de mes ex-collègues) m'ont retrouvé dans la capitale cubaine le temps d'une demi-journée. Ils m'ont rappelé à quel point il est parfois agréable de retrouver des amis avec qui il n'est pas nécessaire de tout expliquer car ils vous connaissent déjà. Lorsque vous racontez votre périple et vos aventures, ils vous comprennent mieux. Il n'est pas nécessaire de contextualiser sa vie, ses idées et ses projets comme je le fais désormais à chaque fois que j'entretiens une conversation de plus de dix minutes avec une nouvelle connaissance. Le plus grand plaisir de ce voyage fut d'être rejoint pendant deux semaines  par Anny qui est bien plus qu'une amie désormais et que j'ai eu le plaisir de rencontrer lors du carnaval de Baranquilla en Colombie. C'était la deuxième fois qu'elle me retrouvais au cour de mon périple. Bien que cette facette de mon voyage est intime, personnelle et que son futur est incertain, il me serait impossible d'omettre de cet article le fait que sa visite ainsi que le temps passé en sa compagnie m'a permis de profiter, avec le plus grand plaisir, de cette étape de mon voyage.

Je pourrais continuer cet article sur des pages, conter toutes ces anecdotes qui ont fait de mon voyage à Cuba cette étape si différente et originale mais je garderai ces dernières pour mes mémoires et d'autres récits. L'expérience cubaine fut passionnante. Seul comme accompagné, j'ai vu des choses uniques qui me laissent en tête de nombreuses nouvelles réflexions. Je suis toujours plus admiratif devant la diversité de notre monde comprenant que durant ce long voyage, qui paraît comme une éternité pour certains, je n'en ai vu qu'une infime partie.