J'ai traversé la frontière entre la Bolivie et l'Argentine le soir du 8 Juin en compagnie de Charlotte et Louis, un couple de français que j'avais rencontré un mois plus tôt à la frontière entre le Pérou et la Bolivie. Je les ai quitté à la Quiaca et j'ai pris un bus de nuit jusqu'à Salta. J'ai débarqué à cinq heure du matin à la gare routière de la ville. À moitié réveillé, j'ai marché jusqu'à m'arrêter à la Covacha, une auberge de jeunesse. Avant le déjeuner, j'ai demandé l'adresse d'une boucherie au propriétaire de l'auberge afin de pouvoir goûter la viande d'Argentine. Après avoir acheté mes 500 grammes de viande rouge pour un prix défiant toute concurrence, je me suis cuisiné un excellent steak avec des pommes de terre et un Malbec 2015. Mon séjour en Argentine venait de commencer.

En Argentine, mon projet était de m'arrêter et de prendre le temps de vivre une certaine routine. Cela peut paraître étrange à certains mais même si le voyage est quelque chose d’absolument incroyable et fascinant, il peut également être épuisant. Il serait même dommage de ne pas prendre le temps de s'arrêter dans un voyage de longue durée car il n'est alors plus possible d'intégrer et de profiter réellement de toutes les découvertes et des aventures vécues. Les étapes de mon voyage à Cuba et au Canada s’annonçaient très bien et particulièrement intenses et c'est la raison pour laquelle l'Argentine fut probablement l'une de mes étapes les plus "tranquille". Cela étant dit, je ne suis pas de nature à me complaire dans un canapé trop longtemps et le mois que j'ai passé en Argentine fut plein de belles expériences.

Mon arrivée à Salta a été un changement important dans mon voyage que je n'avais pas réalisé jusqu'à mes premiers pas dans la ville. Je venais de passer trois mois dans des pays qualifiés "en développement": l'Equateur, le Pérou et la Bolivie. Pendant trois mois, je m'étais finalement habitué à toutes les aspects qui caractérisent ces pays. En arrivant à Salta, j'avais ce sentiment d'être revenu en Europe: l'architecture et les façades des bâtiments, les parcs, les rues, l'état des routes et des trottoirs, les publicités, les magasins et les vitrines. S'ajoutaient à cette impression l'aspect des argentins qui sont très typés européens, les habitudes vestimentaires et certains aspects culturels comme la gastronomie qui rappelle des caractéristiques culturelles espagnoles, italiennes et françaises. Les argentins m'ont également paru plus chaleureux que les Boliviens, moins froids, et j'ai retrouvé cette politesse du premier contact. Ils aiment beaucoup vous demander quelle équipe de football française ou espagnol vous supportez. Si vous connaissez des clubs argentins, vous êtes sur de vous faire des amis rapidement.

À Salta, je n'ai pas tardé à trouver un groupe de français afin de louer une voiture. Ensemble, nous avons visité la région nord de Salta ainsi que la région sud. Cette aventure fut relativement semblable aux paysages que j'avais pu voir dans le sud de la Bolivie: désert de sel, forêt de cactus, montagnes colorées, canyons larges et étroits, petits villages pittoresques à la population d'origine amérindienne. J'en garde de très bons souvenirs. Un jour, j'aimerai beaucoup revenir dans la région sud de Salta pour la qualité de ses vins, les magnifiques canyons et les montagnes dans les environs de Cafayate. Nous avons roulé pendant cinq jours sur les routes défoncées de la région de Salta et cette expérience aurait été un succès complet si je n'avais pas perdu mon téléphone portable sur la route d'Iruya. Ce fut probablement l'épisode le plus pénible de mon voyage. 

Dites moi ce que vous voulez: que cela permet une véritable déconnexion, qu'il y a des choses plus graves dans la vie, que c'est un objet remplaçable, que tout le monde est trop sur son écran et que je ferai la différence car je ne serai plus tenté...vous avez surement raison mais laissez moi vous dire que perdre son téléphone portable lorsqu'on voyage seul, c'est vraiment pénible: plus de what's app autrement dit, plus de contact avec la famille, les amis de France et les voyageurs rencontrés, plus de messenger (seulement sur un ordinateur connecté), plus d'appels en vidéoconférence, plus de journal électronique donc peu ou pas d'accès à l'actualité, plus de deezer donc plus de musique, plus de maps me (retour aux cartes en papier et à la boussole), plus de convertisseur pour connaître l'équivalence monétaire en euro, plus de gestion de compte de ma carte bancaire (je peux l'utiliser mais je ne sais pas combien il me reste dessus), plus de booking.com, d'airbnb et de couchsurfing qui facilitent la recherche de logement, plus de google drive pour montrer ses papiers d'identité, ses tickets ou preuves d'achat, plus de google traduction, plus de calculatrice, etc. Même si tous ces services sont bien pratiques, on peut s'en passer. Mon profond regret est surtout d'avoir perdu la majorité des photos et la totalité des vidéos que j'avais pu faire avec mon téléphone portable (mea culpa).

Une semaine après la perte de mon téléphone, alors que j'avais digéré cet épisode fâcheux en profitant d'une belle semaine de repos pour mettre à jour mon blog, travailler mes photos, cuisiner d'excellentes choses, profiter de la viande et du vins argentins et faire la connaissance de plusieurs personnes de mon auberge, quelqu'un m'a volé ma veste étanche et coupe-vent avec cent euros dans ses poches. Un voyageur peu scrupuleux. J'avais fait l'abominable erreur de la laisser dans la cuisine de mon auberge avant d'aller me coucher. Une auberge où j'étais depuis une semaine et où la moitié des gens me connaissait. Lorsque j'ai pris la route pour Buenos Aires, j'étais un peu désabusé et j'avais besoin de réduire mes frais de voyage. Buenos Aires n'était pas le meilleur endroit pour cela, mais je me suis débrouillé, comme toujours.

Le jour de mon arrivée à Buenos Aires, ma grande préoccupation était d'en terminer avec mon visa pour Cuba. Je me suis rendu à l’ambassade de Cuba en fin de matinée et à ma surprise, ce fut fait en moins de trois quarts d'heure. Sur le retour, j'ai traversé différents quartiers de la ville et j'ai commencé à découvrir Buenos Aires. Les deux premiers jours dans ma première auberge ne m'ont pas trop plus et j'ai cherché à changer d'endroit. J'ai déménagé dans une auberge beaucoup plus cher et mieux où j'ai fait la majeure partie de mes rencontres. Je n'ai pas pu y rester jusqu'à la fin de mon séjour à Buenos Aires car je devais garder un budget raisonnable. Cela dit, ce ne fut pas pour le pire car j'ai rencontré un argentin et un colombien dans ma dernière auberge qui étaient très sympathiques. À Buenos Aires, j'ai rencontré beaucoup de voyageurs et j'ai fait de belles rencontres: des français, des américaines, des équatoriens, des brésiliens, une australienne, un turque, un suisse, un anglais et une israélienne. J'ai profité à plusieurs reprises de superbes barbecues, j'ai bu des vins bons et moins bons, j'ai bu de d'excellentes bières, j'ai dansé la salsa au son d'un concert, je suis allé voir un concert de percussion dans un quartier populaire, j'ai visité le cimetière de Recoleta, j'ai admiré le street art des rues de Palermo, j'ai goûté au Choripan, je suis allé au MacDo et au Burger King (#normal), j'ai vu des films, j'ai écouté de la musique, je suis passé par le musée d'art contemporain et celui des beaux arts, je suis allé en Uruguay le temps d'une journée pour un prix exorbitant pour voir la ville de Colonia del Sacremento et aussi (je dois l'admettre) pour un tampon supplémentaire sur mon passeport qui commence à être bien chargé, je suis allé visiter la jolie ville de Tigre et ses environs sur le delta du Rio Parana, je me suis baladé dans les rues colorées de La Boca, j'ai vu l'océan après avoir traversé la réserve écologique Costanera Sur, j'ai traversé les petits et les grands parcs, j'ai marché, parfois seul et parfois accompagné, dans les petites et les grandes avenues, avec et sans mon appareil photo. Buenos Aires était probablement l'étape la moins dépaysante de mon voyage. Pendant deux semaines, j'ai eu le sentiment de vivre des expériences proches de celles que j'avais pu vivre à Paris, mais dans une autre capitale, évidemment, avec ses caractéristiques propres.

L'Argentine me laisse de très bons souvenirs malgré quelques malheurs. Dans ce petit résumé, il m'est difficile de laisser un témoignage sur l'aspect politique et social du pays. J'ai seulement eu l'occasion d'aborder le sujet à de rares occasions avec quelques argentins qui parlaient beaucoup trop vite pour que je puisse comprendre l'intégralité de leurs propos. 

Désormais bien reposé, je prends l'avion pour Cuba. La fin du voyage se rapproche tout doucement et pourtant je suis en pleine forme et très enthousiaste car de passionnantes aventures m'attendent encore. Je fais toujours des rencontres et des découvertes incroyables, le voyage ne cesse de m'apprendre de nouvelles choses et j'en profite plus que jamais.